
Un peu de contexte
Au Québec, au début des années 1980, la crise des finances publiques aux niveaux provincial et fédéral engendre des coupures dans les services publics. Les organismes communautaires prennent conscience du désengagement de l’État. Cette crise économique a un impact direct sur les groupes féministes au Québec et leur financement¹.
Le projet de rassembler différents organismes féministes dans un même lieu a germé dans l’esprit de groupes féministes dès le début des années 1980. Manifestant cette volonté de concevoir un organisme à vocation de collecte de fonds au Québec, l’idée d’acheter un édifice public est lancée par des pionnières de ces groupes².

Un projet innovant d’immobilier collectif et féministe
1985 En réponse à la diminution de leur financement, les groupes féministes québécois se rallient afin d’accroître leur efficacité et leur force. 1985 marque la continuité de cette coalition entre groupes féministes; le partenariat étant devenu nécessaire pour faire face aux coupures budgétaires³.
1986 On fait part du projet « de la Maison », soit d’acheter un édifice collectif au Groupe des Treize, groupe fondé en 1986. Le Groupe des Treize a pour but d’augmenter l’efficacité de la réponse féministe aux enjeux sociaux et politiques⁴.

Léa Roback et Charlotte Thibault en 1997
1988 L’élection du Parti Conservateur au Canada en 1988 a pour effet de diminuer le financement des groupes féministes, notamment dans la décennie qui suit. Cette élection engendre la diffusion d’un discours antiféministe, notamment émis par le Parti réformiste, qui appelle à la fin du financement des groupes féministes⁵.
1989 Au Québec, la « Loi modifiant le Code civil du Québec et d’autres dispositions législatives afin de favoriser l’égalité économique des époux » (22 juin 1989) entraine la montée du masculinisme et la formation de groupes antiféministes⁶. Cet élan antiféministe s’illustre par la médiatisation de l’« Affaire Chantale Daigle » (juillet-août 1989) et par la tragédie de la Polytechnique.
1990 Dès le début des années 1990, le Canada entre dans une période de récession économique. Cette récession a un effet immédiat sur le financement des groupes féministes. Par exemple, au fédéral, on dénote: des coupures dans le Programme de promotion de la femme ; l’abolition du Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme (1995)⁷.
Au milieu des années 1990, les regroupements féministes québécois font le constat du désengagement de l’État. Celui-ci se manifeste par une baisse de subventions allouées à ces groupes et par une diminution marquée de programmes destinés à la réalisation de projets féministes.
1993 Au Québec, la récession économique marque une prédominance des enjeux de pauvreté dans les revendications féministes, notamment en raison de l’inquiétude quant à l’appauvrissement des femmes⁸.
1995 Le féminisme québécois, rassembleur et ouvert à la diversité, met en place un mouvement national de coalition de femmes. La Marche du pain et des roses (20 mai au 4 juin 1995) réunie des milliers de féministes dans l’objectif de diminuer la pauvreté et d’améliorer la condition économique des femmes.
1996 Des groupes de femmes au Québec constatent qu’ils, depuis une dizaine d’années, vivent les impacts graduels du désengagement constant de l’État. Passant des gels aux coupures, les subventions, liées aux programmes de soutien des groupes de défense des droits des femmes, sont grandement impactées. Les répercussions se font sentir sur les travailleuses qui ne sont pas en mesure d’effectuer leur travail dans des conditions adéquates. Le travail non rémunéré doit suffire. La nécessité de trouver de nouveaux moyens pour financer une partie des activités des groupes est donc rendue nécessaire. À cette recherche s’ajoute la pression continue sur l’État par les groupes de femmes afin qu’il procure un financement adapté et récurrent à ces derniers.
